Il y a comme un goût d'inachevé au pays des murmures... les hommes sont toujours incroyablement humains et les nains toujours aussi nains.
Valbörg est assis, dépité du conformisme ambiant. Et si un gnome passait près de lui et se montrait affreusement idiot, une draeneï terriblement repoussante...
La grandeur n'est-elle pas dans la démonstration des défauts ? Pourquoi tant de qualités qui cachent tant de misère, d'hommes invincibles et ténébreux, de femmes pulpeuses et insaisissables ?
Il aimerait la surprise, voir un nain romantiquement aveugle, un cracheur de feu, un homme tellement ivre qu'il défierait Marcus Jonathan. Pourquoi les poètes n'existent-ils plus ?
Valbörg sait que derrière chacun pseudo héros, par delà les étoiles, il y a quelqu'un qui tire les ficelles d'une bien triste destinée.
Si j'avais la chance d'animer l'un de nous, se dit-il, je ferais bien autrement.
Je lui choisirais la plus singulière des destinées. Je ferais de lui un être que l'on oublie pas, un être attachant ou repoussant, mais je ne ferais pas de lui qu'un simple combattant aux services de causes dix mille fois défendues.
Je lui ferais défendre les causes inutiles, remplirais son quotidien de futilités, m'attarderais sur l'absurde.
En se disant ça, Valbörg savait qu'il était le pantin d'un rêveur, et quelque part pour ce soir ça lui suffisait ... mais pour combien de temps ?