Je suis né dans le nord... enfin je pense, près des montagnes enneigées : du moins c'est là que Gilda Trouvefer, naine du clan des Swach, a trouvé un bébé pleurant un soir d'hiver. Si elle n'avait pas eu besoin de bois ce soir là pour entretenir le feu de l'atre de la salle commune du clan, je n'aurai été qu'un petit être sans vie et gelé au matin ...
Gilda vit que je n'étais pas de sa race dès le premier instant mais elle m'a élevée comme sa propre fille... et peut-être mieux quand j'y songe aujourd'hui. Le clan m'accepta de même : bourru et généreux sont les nains montagnards du clan de Swach. Bien sur les autres enfants m'appelaient "la grange gigue", mais je m'habituais à ce nom et la peite humaine sans nom que j'étais acceptais ce nom sans vraiment comprendre que je n'étais pas une naine.
Dans ma tête d'enfant, j'étais une naine, maniant très mal la hache, buvant de la biere naine malgé mes douleurs de tête et jurant parfois comme les nains mais avec une voix aigrelette de petite fille.
Je passais mon temps à me cacher et à surprendre mes camarades de jeux. Ils avaient horreur de cela. Je pouvais aussi, au grand desespoir de Gilda, voler dans les poches de quelqu'un sans qu'il s'en apperçoive. Ce n'était qu'un jeu : je rendais toujours mon larcin à son propriétaire. Mais les autres commencaient à me regarder d'une autre manière tant ce genre de pratique était étrange pour le peuple nain.
Le fossé se creusa à mon adolescence lorque mes camarades de mon âge vivaient leur premières aventures amoureuses : Je n'étais alors que la "grande gigue" humaine et pas très séduisante pour un jeune nain.
Ma mère adoptive décida alors que le temps étais venu pour moi de rejoindre les hommes des vallées du sud vers Hurlevent et d'y choisir un emploi.
Je voulais être guerrière et manier la hache comme mes frères nains mais Gilda m'en dissuada.
" Tu n'es pas faite pour cela Gigue... Tu es faite pour l'ombre et la lame fine..."
Je protestai pour la forme mais je savais au fond de moi qu'elle avait raison.
Je me préparais à partir la mort dans l'âme quand Gilda me fit une révélation importante. Elle me tendit un morceau d'étoffe rose déchiré. Dessus on voyait brodé de fil noir un nom : Aconita.
"Tu t'appelles ainsi pour les hommes mais pour nous tu seras toujours Gigue..."
Gilda avait un caractère fort mais je vis des larmes couler sur ses favoris. Elle se retourna pour se cacher et murmura :
"Vas Gigue, ton destin n'est plus ici..."
Et je partis vers le monde des hommes abandonnant Gigue le coeur lourd pour trouver Aconita la voleuse...